3 juillet 2009

Les jolies filles aiment les blogs

J'ai longuement hésité sur le titre de ce blog. Un moment je pensais à "La Mort vient en Chantant" qui est le titre du premier roman de Georges Roques. J'ai finalement opté pour "La Chance aime les Jolies filles" qui est le titre d'un roman de René Roques. C'est moins sévère et, au fond, ça dit un peu la même chose.
René était le père de Georges. A eux deux ils ont écrit une centaine de romans. Vous ne les connaissez pas pour plein de raisons. D'abord leur production était assez confidentielle puisqu'ils se sont la plupart du temps autoédités. Il faut dire aussi qu'à eux deux ils détiennent un étonnant record familial : 41 romans interdits au titre de l'article 14 de la loi du 16 juillet 1949. Certaines de ces interdictions n'ayant à ce jour pas été levées, plusieurs de leurs romans les plus intéressants seraient aujourd'hui encore inpubliables . Et je ne parle pas des livres édités clandestinement par Georges et vendus sous le manteau.
René et Georges sévissaient dans un créneau que certains appellent le roman de gare et que d'autres qualifieront de façon plus savante de littérature populaire. Pour que leurs petites boutiques tournent il fallait vendre. Après-guerre, pour vendre ce genre de livre, il fallait a minima 1/une couverture sexy 2/ un titre qui casse la barraque 3/ ne pas être censuré.

Arrêtons nous sur le point 2. "La chance aime les jolies filles" est un sacré bon titre. Preuve de son efficacité, René Roques l'a réédité plusieurs fois. Dès la deuxième édition, on voit d'ailleurs apparaitre sur la couverture le nom de l'auteur ommis sur le premier tirage. J'ai un faible pour ces petites phases qui claquent comme des haïkus rock'n roll (avant l'heure). Un sujet, un verbe et un complément, trois accords et c'est parti. Boris Vian était très calé dans cet exercice. Les titres des Vernon Sullivan sont indépassables : "J'irai cracher sur vos tombes" (1946), "Les morts ont tous la même peau" (1947), "Et on tuera tous les affreux" (1948), "Elles se rendent pas compte" (1950). Bien connu des amateurs, le "On est toujours trop bon avec les femmes" (1947) de Sally Mara/Raymond Queneau. Citons également Léo Malet : "La vie est dégueulasse" (1948), "Le soleil n'est pas pour nous" (1949) ou "M'as tu vu en cadavre ?" (1956). Georges Roques a publié sous le pseudonyme de Georgie Rock "Les Morues ne sont pas toutes plates" (1952) et "As-tu vu ses hanches ?" (1952). De son côté René Roques s'est fendu des peu rugueux "Le pastis était bleu" (1959) et "Tu jouais à la poupée ce jour-là" (1962). Des gens sérieux je vous dis. On aura l'occasion d'en reparler plus longuement dans ce blog.

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