30 septembre 2009

Les voyages extraordinaires de Pierre Keime



J'ai découvert ce week end un artiste pas du tout ordinaire. Comme chaque année, les artistes du 15e arrondissement ouvraient les portes de leurs ateliers au public. Quelques stands avaient été aménagés à l'entrée du parc Georges Brassens. On ne pouvait pas rater celui de Pierre Keime. En tout cas, moi, je ne l'ai pas manqué.

Des dizaines de dessins étaient exposés sur de grands panneaux en carton. Ou plutôt des photocopies de dessins car Pierre Keime conserve précieusement les originaux à son domicile qui est selon ses propres mots un vrai musée.

Pour la plupart, ces dessins font partie de séries qui racontent de grandes épopées tout droit sorties de son imagination. Ici des conquistadores en train d'en découdre avec des indiens. Là des guerriers arabes livrant bataille à de féroces mongols. Dans un registre plus léger, pas mal d'amazones chevauchant nues des licornes. Quand elles ne sont pas elles-mêmes flagellées, elles tyrannisent de pauvres mâles ou bien prennent du bon temps sur des plages de sable fin.

Nous avons un peu discuté. Pierre Keime se voit comme une sorte de médium qui rapporterait de mondes parallèles ces visions fantasmatiques. Il est très inspiré par ses rêves. Il en fait d'ailleurs des prémonitoires. Il est aussi sculpteur. Il m'a montré de petits aztèques en cire sculptés avec beaucoup d'habileté. Il me semble que nous avons affaire à un artiste véritablement singulier qui devrait intéresser autant les amateurs d'art brut que ceux de bandes dessinées hors normes. Ses épopées silencieuses feraient certainement de très beaux livres.




Pour rencontrer Pierre Keime, il suffira de vous rendre aux journées Georges Brassens qui se tiendront les 10 et 11 octobre toujours au parc Georges Brassens. Pour l'occasion, il a réalisé un album de dessins basés sur les chansons du grand Georges. C'est son deuxième. Il en avait édité un premier il y a bien longtemps, en 1984, à compte d'auteur qui s'appelait Essai. C'était une BD. C'est pourquoi il est mentionné dans le BDM ce dont il est très fier bien qu'il redoute qu'on l'en retire un jour ou l'autre. Son stock étant loin d'être écoulé, il le propose encore à qui en veut pour quelques euros.

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Pierre Keime
Artiste Libre Sculpteur
aux journées Georges Brassens
Parc Georges Brassens - Paris 15e
Les 10 et 11 octobre 2009

21 septembre 2009

Can I go to Ceret ? - Pascal Comelade

Jusqu'au 31 octobre on peut visiter au musée d'art moderne de Ceret (Roussillon) l'exposition "Ceret, un siècle de paysages sublimés". Ceret a longtemps été à la peinture ce que Johnny B Good est au rock, un standard. Ses toits, son pont, le Canigou (mais assez peu ses habitants) ont été croqués par une flopée de kadors de la palette. L'exposition réunit quelques dizaines de ces toiles, l'ensemble composant un ensemble assez impressionnant. Dans le désordre : Soutine, Kisling, Duffy, Juan Gris, Picasso, Braque, Max Jacob, Masson et bien d'autres plus ou moins connus du grand public.

Comme souvent dans ce genre de rétrospective, la gêne commence à s'installer quand les commissaires, voulant sans doute démontrer que le miracle continue, décident d'exposer à la suite des génies sus cités les monumentales productions d'artistes contemporains de seconde division. C'est extrêmement bizarre : notre époque ne manque pas d'artistes passionnants. J'ai encore pu le vérifier pas plus tard que la semaine dernière à la galerie Art Factory où étaient exposés les dessins de l'énigmatique Ludovic Debeurme. Mais assez curieusement, ces artistes sont rarement ceux qu'on voit dans les musées d'art contemporain.


Je commençais à m'ennuyer un peu lorsque, au détour d'un couloir, alors que je pensais que l'expo était terminée, je tombe sur une silhouette du mont Canigou aux flancs couverts de textes. Un tableau lettriste ? Isidore Isou passait aussi ses vacances à Céret ? Coup d'oeil sur l'étiquette : ça s'appelle Can I go to Canigo ? et c'est une oeuvre du fameux musicien Pascal Comelade !!! Pascal Comelade au pinceau ? Lui d'habitude si peu bavard dans sa musique (quasiment que des instrumentaux), le voici contant par le détail quelques hauts faits survenus dans son village, Vernet les Bains, et dans ses environs : l'accident tragique de Maillol, la visite de Dali, la première ascension cycliste du Canigou ou encore l'affaire du chameau offert au casino par le pacha du Caire. Un peu peinture (le Canigou), de longs textes griffonnés en catalan et pas mal d'objets et d'images collés ici et là. Il doit s'agir d'un accrochage de dernière minute car Pascal Comelade n'est cité ni dans le catalogue ni dans même sur le site internet du Musée.

N'écoutant que mon courage j'ai bravé tous les interdits et pris pour vous quelques photos. En moins de deux, j'avais un gardien sur le dos exigeant que je les écrase. Comme vous le constatez, j'ai quand même réussi à en sauver une ou deux. J'ai donc filé comme un voleur sans demander mon reste. A peine sorti dans la rue, je suis tombé sur Pascal Comelade, en chair et en os, attablé à la terrasse du bistro jouxtant le musée. Le genre de coïncidence troublante dont Jonathan Coe tirerait 600 pages et un best seller.

Décidément Pascal Comelade est en train de devenir l'inconnu qu'on voit partout. Sa collection d'instruments jouets est en ce moment même exposée au Musée des arts décoratifs (j'en ai parlé sur ce blog il y a quelques semaines). On annonce pour les jours qui viennent un nouvel album et, les 15 et 16 octobre prochains, il jouera au Centre Pompidou.

Autant dire qu'on a pas fini d'en parler.


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Céret, un siècle de paysages sublimés
Musée d'art moderne de Céret
Jusqu'au 31 octobre 2009
http://www.musee-ceret.com/

16 septembre 2009

El Bicho Raro - Les Shadocks en Espagne

Saviez-vous qu'il existait à Valence un restaurant à la gloire des Shadocks ? Ça s'appelle El Bicho Raro ce que je crois pouvoir traduire par La Bête Rare (ou peut être L'Oiseau Rare ce qui au fond serait plus logique). J'aime beaucoup les Shadocks. Ces bestioles stupides sont de magnifiques inventions pataphysiques. Je me suis toujours demandé comment Jacques Rouxel, leur créateur, avait fait pour vendre un projet aussi farfelu à l'ORTF. Comme quoi il ne faut jamais partir perdant.

Dès son lancement en 1968, le succès de ces petits films d'animation a été immense. Il faut dire que les Shadocks symbolisaient à merveille tout ce avec quoi on voulait en finir à l'époque. La mesquinerie, les usines à gaz, le travail à la chaîne... Les ennemis des Shadocks, les Gibis, ne valaient pas tellement mieux mais, comme leur nom l'indique, ils avaient un petit côté britannique qui, en pleine beatlemania, les rendaient plus sympathiques.

Mais revenons au Bicho Raro. Quand je suis passé devant au mois d'août, il était fermé. Ce qui m'a permis d'admirer, sur le rideau métallique, un superbe Shadock en haut de forme. Au dessus de la porte d'entrée, des carreaux sur lesquels ont été peints plein de jolis petits Shadocks. Je ne prends aucun risque en disant que les tenanciers manifestent ainsi une francophilie des plus pointues. Ce qui est bien la moindre des choses puisque le Bicho Raro est un restaurant (bistro !) français. Sur le city blog Hola Valencia, on peut voir des photos des plats servis. Ça n'a pas l'air mauvais. Il faudrait que quelqu'un teste et nous dise.


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El Bicho Raro
Calle Conde de Montornes 9
46003 Valencia
Tel : 96 392 49 20