12 juillet 2009

Ceesepe, mort ou vif

C'était il y a une dizaine d'années. Alors que je flânais dans la vieille ville de Pampelune, mes pas me conduisirent devant une petite boutique à la façade en bois peint. Coup d'oeil dans la vitrine. C'est ma chance, me dis-je, j'ai trouvé la librairie spécialisée du coin sans même la chercher. A l'intérieur, déception, des comics et des mangas partout. La BD franco-belge ne se vend plus me dit le propriétaire des lieux. Je m'étonne du peu d'auteurs espagnol sur ses étals. Vous cherchez quoi ? Je réponds Ceesepe (j'aurais aussi bien pu dire Torres, Max ou Mariscal). Le type hoche la tête. Non, je n'ai rien de lui. De toute façon il est mort.

Je dois dire que, passé l'étonnement, j'ai trouvé cette nouvelle tristement plausible. Cela faisait des années que je n'avais rien vu le concernant et j'imaginais sans peine les conséquences désastreuses qu'avaient dû avoir sur sa santé les cadences infernales de la movida. Vivre toute la journée dans un film d'Almodovar ne devait à l'évidence pas être de tout repos.

On doit d'ailleurs à Ceesepe les affiches de deux films d'Almodovar : Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980) et La loi du désir (1987). Il était un des piliers de la revue BD ultra-branchée El Vibora. De ce côté-ci des Pyrénées, il a publié Barcelona by Night (Humanoïdes associés - 1982) et Paris-Madrid (Artefact - 1985). On a pu voir quelques-uns de ses dessins dans Métal Hurlant. C'est aussi lui qui a signé la pochette de El primitivismo de Pascal Comelade (1988).

Il y a quelques jours, je demande à Google des infos sur Ceesepe. Direction Wikipedia Espagne. Tiens, ils n'ont pas mentionné qu'il était mort ! Et un peu plus bas, l'URL de son site perso. Ah bon ? Alleluïa, Ceesepe est vivant ! (par bonheur, je connais si peu de gens qui ont entendu parler de lui que je n'avais pas vraiment eu l'occasion de colporter la macabre fausse nouvelle).

J'apprends que Ceesepe s'appelle en réalité Carlos Sanchez Perez et qu'il a formé son nom d'artiste à partir de ses initiales (en castillan : Ce-ese-pe). Son site Internet est assez conventionnel (cv, dossiers de presse, contact, etc.). On y voit quand même pas mal d'oeuvres récentes (dont quelques acryliques sur papier à vendre). Toujours des chicas à la pelle, des compositions étourdissantes, des couleurs généreuses et de plus en plus de samplings visuels.


Franchement plus étonnant, le blog graphique que Ceesepe a tenu en 2008. Ca s'appelle Ceesepe calendario. Je n'en ai pas vraiment compris le principe mais les 130 vignettes que l'on peut y voir sont un bonheur pour les yeux. Du Mac à gogo avec des pin-ups, des actrices et aussi quelques autoportraits.

On peut enfin voir sur Youtube quelques courts mètrage de l'artiste. Dès que je suis assez calé, j'insère ci-dessous El Beso, vidéo qui date de 1980 et qui montre son travail de l'époque. En attendant, cliquez ici.

Bien sûr, on aimerait voir tout ça de plus près (je parle des dessins et des peintures). Alors, grandes galeries et petits musées, à quand une rétrospective Ceesepe ? Devra-t-on attendre comme pour Peellaert qu'il soit mort ? (je rigole...)

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Ceesepe sur Internet :
http://www.ceesepe.net/
http://ceesepe.blogspot.com/
http://www.youtube.com/carlosceesepe

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